Juliette Barthe
Juliette Barthe - Boy/cott
Il s’agit d’un monochrome noir, issu d’un tissu permettant une réfraction de la lumière bien particulière. Par différents médiums et techniques, j’enrichis et altère les diverses irisations réagissant à son environnement direct ainsi qu’au point de vue que l’on opte pour la regarder. Grâce à ces procédés, lorsque l’espace de la toile est pris en photo, et uniquement avec un flash actif, une autre image de la peinture apparaît sur l’écran.
Une fois la toile activée, le spectateur peut choisir de circuler de part et d’autre de la toile : les couleurs et la lumière de la surface varieront sur leurs écrans, mais seules les empreintes laissées par la main ou les outils dans les strates supérieures de la peinture resteront fixes et résistantes, atténuant ou empêchant totalement la captation de lumière par la machine.
Je suis convaincue qu’à cause de l’hyper-digitalisation et de l’omniprésence des écrans, nous regardons la peinture différemment. Le format de l’œuvre est supposé rappeler les formats des écrans présents dans notre environnement proche, dans nos lieux de vie ou d’intimité tels que nos foyers. Je parie sur l’observation de l’œuvre dans laquelle une identification pourrait avoir lieu. L’observation des gestes dans l’abstraction peut jouer comme un miroir dans le corps de celui qui les regarde, on lit la signification du geste par l’identification physique. Je me permets alors d’emprunter les propos suivant à l’artiste David Reed : « During the Renaissance and Baroque periods they had a wonderful religious light that always came from above. Now we have technological light of a TV or a movie screen, which is directionless - homogenous across the screen - and increase the intensity of every color. Since we see this light or through machines, it seems beyond the human, even immortal. To that extent, it’s similar to the divine light on the older paintings. Technological light can be suggested in an abstract painting, but made more sensual and material than it is on a screen or in a photograph»*.
Quelle forme d’archéologie de nos gestes restera-t-elle si le monde tend vers une digitalisation totale ? Comment résister à cette absorption du digital engendrée par la superpuissance technologique ? Comment jouer sur le contraste entre la lenteur de la peinture et la rapidité de nos ordinateurs ? Comment jouer avec la physicalité de la peinture et le monde non-palpable de nos réseaux ?"
* David Reed interviewé par Stephen Ellis en 1989 et publié dans Between Artists : Twelve Contemporary American Artists Interview Twelve Contemporary American Artists, édité par Lucinda Barnes, Miyoshi Barosh, William S. Bartman, Rodney Sappington (Los Angeles : A.R.T. Press, 1996).
@juliette_barthe_