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Maria Rieger

Frontier

Une petite fille sur un plateau d'échecs, dans le monde de l'espace et de la matière déployée. L'épisode avait été suffisamment bref pour qu'il se dissolve dans la bande-images des souvenirs et de la normalité la plus ordinaire, et qu'un basculement «de l'autre côté» ne soit jamais advenu. Ses pieds suivaient alors des lignes invisibles tout en évitant soigneusement certains espaces qu'elle était seule à voir, ou plus précisément : à sentir. Ses mains s'attachaient à battre un rythme silencieux en touchant des objets selon un tempo par ailleurs imperceptible, dans un probable élan de ré-ordonnancement et d'harmonisation d'un monde qui lui avait toujours paru discordant, voire chaotique. Une tendance, enfin, à s'échapper hors du temps et de l'espace, en s'engouffrant par le point de fuite de la ligne d'horizon. Dans l'apparente promesse d'infini de la musique, ou dans les histoires qu'elle inventait. Ce sont précisément une musique, des paroles et une conversation familiale qui font ressurgir ces TOC et ces fragments d'enfance en partie oubliés dans une forme clip ... mais un «faux clip» dépossédé de son enjeu principal de promotion. Où le «sonore» autant que mes propres souvenirs deviennent la source du mouvement des images.

A little girl on a chessboard, in the world of space and matter matter. The episode had been brief enough for it to dissolve into the image-band of memories and the most ordinary normality, and for a tipping “to the other side” never to occur. Her feet followed invisible lines, carefully avoiding certain spaces that only she could see, or more precisely, feel. Her hands strove to beat out a silent rhythm by touching objects in an otherwise imperceptible tempo, in a probable effort to reorder and harmonize a world that had always seemed discordant, even chaotic. A tendency, finally, to escape from time and space, through the vanishing point of the horizon. In music's apparent promise of infinity, or in the stories it invents. It is precisely music, lyrics and a family conversation that resurrect these partly forgotten OCD and childhood fragments in a clip form... but a “fake clip” stripped of its main promotional purpose. Where the “sound” as much as my own memories become the source of the movement of the images.
 

@mariarieger_mjr