Eugénie Touzé
Prix de photographie
Eugénie Touzé aime à dire qu’en photographie, elle se met en quête d’une image, tandis que dans son travail vidéo, elle attend que celle-ci apparaisse. Parfois, la magie n’opère pas, et il lui faut patienter jusqu’à la prochaine épiphanie. Mais cela ne lui fait pas peur, elle qui n’aime rien tant que poser son trépied, définir un champ, cadrer et espérer qu’un possible advienne.
Eugénie Touzé capture les fantômes insaisissables d’instants qui n’ont rien de spectaculaire, dans lesquels la mise en scène est la plupart du temps absente. En bonne chasseuse de papillons, elle se laisse porter parfois par le hasard, parfois par des coïncidences, en oscillant constamment entre ses deux médiums de prédilection.
Chez elle, les photographies semblent s’animer, tandis que certaines vidéos recèlent une fixité trouble : est-ce nous qui ne clignons pas suffisamment des yeux ? Elle l’admet volontiers : plutôt que de revendiquer un discours franc, elle préfère parler de doute, dont naît le merveilleux.
Dans Une tempête dans un verre d’eau, il est question de moments de transition parfois à peine perceptibles : celui où la pluie, qui auparavant bruinait doucement, recouvre les corps jusqu’à les détremper ; celui où le vent transforme le tourbillon en tempête, faisant tanguer dangereusement les bateaux amarrés au port ; celui où les nuages demeurent lourds, et où les animaux croisés paraissent être les gardiens d’un secret dont eux seuls disposent ; celui où l’éblouissement du soleil couchant fait apparaître à la surface d’une image un orbe doré.
Eugénie Touzé likes to say that in photography, she looks for an image, while in her video work, she waits for it to appear. Sometimes the magic does not work, and she has to wait for the next epiphany. But that doesn't scare her, as she loves nothing more than setting up her tripod, defining a field, framing and hoping that something possible will happen.
Eugénie Touzé captures the elusive ghosts of unspectacular moments, in which the staging is mostly absent. As any good butterfly hunter, she lets herself be carried away sometimes by chance, sometimes by coincidences, constantly oscillating between her two favorite mediums.
In her work, photographs seem to come to life, while certain videos conceal a blurred fixity: is it us who do not blink enough? She readily admits it: rather than claiming a frank discourse, she prefers to speak of doubt, from which the marvelous is born.
A Storm in a Glass of Water is about moments of transition that are sometimes barely perceptible: the one where the rain, which before drizzled gently, covers the bodies until they are soaked; the one where the wind transforms the whirlwind into a storm, making the boats moored in the harbor pitch dangerously; the one where the clouds remain heavy, and where the animals one crosses seem to be the guardians of a secret of which they alone have the power; the one where the glare of the setting sun makes a golden orb appear on the surface of an image.