Samya MOINEAUD
Prix Roger Bataille, peinture
L’univers adolescent que Samya Moineaud développe contient un large spectre d’émotions, de la plénitude heureuse à la douleur. L’artiste matérialise des souvenirs réels, fantasmés, fictifs. Elle sonde la violence psychique qui prend racine dans le formatage que le corps social et psychologique subit et dans le deuil de l’enfance que l’adolescent traverse. Grandissant parfois trop vite, il est à la fois trop mûr et trop fragile face à un monde parfaitement faux. Cette transition le plonge dans un état mélancolique qui se reflète dans des objets métaphoriques, nauséeux, désaltérés et insipides.
Les couleurs comme les formes de ses peintures, de ses dessins et de ses sculptures renferment une toxicité. Les paysages synthétiques et leurs maisons pavillonnaires, frénétiquement arrangés, étouffent les souvenirs d’une jeunesse insouciante. Du semblant de sérénité, on passe à un calme forcé et anxiogène. Dans ce monde plat aux reliefs simulés inspiré de la bande-dessinée et du dessin d'animation, la nature assume ses artifices. Ses aspérités sont radiées au profit d’une image homogène et désubstantialisée.
Lila Troquéo
Samya Moineaud's adolescent universe contains a wide spectrum of emotions, from happy fulfillment to pain. The artist materializes real, fantasized and fictitious memories. She probes the psychic violence rooted in the formatting that the social and psychological body undergoes, and in the mourning for childhood that adolescents go through. Growing up sometimes too fast, they are both too mature and too fragile in the face of a perfectly false world. This transition plunges them into a melancholy state, reflected in metaphorical objects that are nauseous, quenched and insipid.
The colors and shapes of her paintings, drawings and sculptures are toxic. The synthetic landscapes and their frenetically arranged suburban houses stifle memories of a carefree youth. A semblance of serenity is replaced by a forced, anxiety-inducing calm. In this flat world of simulated relief inspired by comic strips and animation, nature assumes its artifice. Its asperities are erased in favor of a homogeneous, desubstantialized image.