Pour une lecture critique des cartels
Cette rencontre est organisée en partenariat avec le programme de recherche « (D)écrire les œuvres, (re)penser les cartels », dirigé par Anne Dressen (ENS Ulm – SACRe – PSL) et Yaël Kreplak (Université Paris 1 Panthéon Sorbonne, HiCSA, Chaire Delphine Lévy).
Au cours de cette rencontre, les cartels seront abordés depuis la perspective de la critique institutionnelle et de la muséologie critique, avec deux conférences : l’une d’Andrea Fraser (artiste, Los Angeles), et l’autre de Marie Fraser (théoricienne, Montréal). Ces deux interventions, introduites et modérées par Anne Dressen et Yaël Kreplak, seront suivies d’un temps d’échange avec le public.
Dès que l’on évoque la question du cartel, il apparaît clairement que ce court texte apposé à proximité des objets exposés fait débat. Qu’il s’agisse de ses dimensions, de sa longueur, de son emplacement, de ce qui y est dit, par qui, comment et à l’intention de qui, voire de sa présence même : tous ces différents aspects suscitent de nombreuses discussions et ne font pas consensus. Car à travers le cartel se révèle une certaine compréhension du rôle du musée et de son rapport aux œuvres, de ses différents modes d’adresse à son ou ses public(s), et de ce qu’est une œuvre ou un objet de patrimoine.
Initié en septembre 2024, le programme de recherche « (D)écrire les œuvres, (re)penser les cartels » vise à explorer les enjeux des cartels, ligne par ligne, en interrogeant ce qui se joue dans la précision d’une provenance, la description d’un matériau, la présence d’une date, la formulation d’un titre, ou encore la mention d’un nom d’auteur (ou de plusieurs). Dans un dialogue entre artistes, chercheurs et professionnels des musées, il s’agit de mettre en question nos façons d’appréhender et décrire les objets, et d’imaginer d’autres façons de nous y rapporter – de faire du cartel un support de réflexion et de création.
Andrea Fraser est une artiste performeuse et essayiste, professeure à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA). Elle est une figure majeure du mouvement de la critique institutionnelle. Depuis les années 1980, son travail élabore une réflexion sur l’art et ses institutions - dans leurs dimensions financières, politiques et affectives -, comme dans la série de conférences-performances Museum Highlights : A Gallery Talk (1989), où elle se met en scène sous les traits d’une guide, ou à travers des installations qui questionnent les instruments habituels de la communication muséale – en particulier les textes d’exposition, comme dans Notes on the Margin (1990/2013) ou Collected : The Lady Wallace’s Inventory (1997). Elle a également publié de nombreux textes critiques (par exemple, 2016 in Museums, Money and Politics, en 2018).
Marie Fraser est historienne de l’art, professeure à l’Université du Québec à Montréal, où elle est titulaire de la Chaire de recherche en études et pratiques curatoriales. Cofondatrice du groupe international de recherche et de réflexion CIÉCO sur les nouveaux usages des collections, elle est l’autrice et la directrice de nombreuses publications, parmi lesquelles Réinventer la collection. L’art et le musée au temps de l’évènementiel (avec Mélanie Boucher et Johanne Lamoureux, PUQ, 2023) et L’Activisme dans les collections (avec Lisa Bouraly, Marges, 2025). Elle mène également des activités en tant que commissaire d’expositions : elle a été conservatrice en chef au Musée d’art contemporain de Montréal (2010-2013), ainsi que commissaire du pavillon du Canada à la 56e Biennale de Venise en 2015.
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