« Les Beaux-Arts de Paris forment des artistes. Cette formation – paradoxale et inassignable – pourrait se résumer d’un trait : nous formons des autodidactes. Les étudiant·es traversent l’École en fabriquant un regard, une pratique, des outils, en expérimentant des intuitions nouvelles et en reproduisant aussi des gestes anciens, en développant des amitiés, en s’équipant pour un avenir lié à leur profond désir d’élargir le champ de l’art. Pour organiser cette traversée qui peut être tumultueuse ou plus secrète, qui touche aussi bien à des introspections existentielles qu’à des questions professionnelles, il s’agit de créer un environnement pédagogique qui offre les conditions de possibilité et de choix pour qu’émergent d’autres façons de faire, d’autres façons de voir, d’autres façons d’être.
La structure en atelier répond à ce défi pédagogique : elle permet d’organiser des collectifs autour d’orientations esthétiques variées en mêlant des étudiant·es de différents niveaux qui participent ensemble à l’exploration de tel ou tel territoire artistique. Les chef·fes d’ateliers sont ainsi les compagnons de routes des étudiant·es qui produisent un inter-enseignement fécond. Nous rejoignent cette année Emmanuel van der Meulen, chef d’atelier Peinture, mais aussi Chloé Quenum dans l’atelier de Tatiana Trouvé et Neil Beloufa dans l’atelier de Julien Creuzet.
À cette organisation en ateliers répondent les enseignements de technicités qui sont autant de manière d’acquérir de l’autonomie et de développer des usages neufs de savoir-faire multiples. La place prépondérante du dessin dans l’enseignement est ainsi caractéristique de l’École et de sa contemporanéité permanente.
Cette articulation qui vise l’autonomie se joue aussi bien dans le champ théorique où il est question de se nourrir aux ressources de l’histoire de l’art, passée et en cours, mais aussi du côté des savoirs qui excèdent le champ de l’art et qui sont si précieux pour les artistes, que ce soit dans le champ des sciences, de la politique, de l’anthropologie, de l’économie, etc. Tristan Garcia nous rejoint ainsi comme professeur de littérature. Dans toutes ces composantes, la recherche est alors un fil rouge, plus ou moins visible, qui doit toutes les relier. Elle se cherche et se fabrique elle-même et construit sa grammaire avec la création du Conseil de la recherche.
Aujourd’hui, vous êtes étudiant·es de cette École qui a une histoire, qui est un patrimoine et qui a de nombreux enjeux au présent et pour le futur, liés entre autres à l’état des bâtiments et au soin que toutes et tous nous devons apporter aux un·es et aux autres, aux œuvres qui nous entourent et aux équipes qui travaillent à vos côtés pour que votre passage en ces lieux soit riche, fécond et singulier. De nombreuses conversations vont commencer, se poursuivre, s’inventer et se reprendre, toujours dans l’écoute, le dialogue et le respect. »
Alexia Fabre
Directrice des Beaux-Arts de Paris
Jean-Baptiste de Beauvais
Directeur des Études