Un peu partis, plutôt ailleurs, le plus souvent représentés de dos, les personnages des tableaux de Tim Eitel posent la question du regard extérieur. L’artiste induit la présence d’un·e observateur·ice quasi-voyeur·euse dont le regard embrasse les passant·es anonymes qui défilent devant elle ou lui. Ils sont pris en mouve - ment dans des environnements neutres, des paysages extérieurs, des lieux publics. Baignant dans des gris colorés et des couleurs sobres, ces personnages sont comme en suspension, saisis loin de tout affect. Paisibles, sensuelles et silencieuses, ses œuvres qui inspirent la quiétude et la simplicité ramènent l'observateur·ice à une solitude rêveuse et posent la question de l’autre.
Formé aux Beaux-Arts de Halle et de Leipzig en Allemagne, Tim Eitel a été résident au Bethanien de Berlin en 2002. Son travail a été présenté dans de nombreuses expositions comme à Kasteel Wijlre aux Pays-Bas, à la Kunsthalle Tübingen en Allemagne, au Essl Museum à Klosterneuburg en Autriche, au Goethe Institut de Hong Kong ou au Center of Gravity, Pace Wildenstein à New York
Formé à l’École des Arts Décoratifs de Strasbourg et à l’École du Fresnoy, avant de rejoindre la Villa Medicis à Rome en 2012, Clément Cogitore, à travers ses films, ses vidéos et ses installations, développe toute une réflexion dans laquelle les images font récit sans pour autant appliquer les règles narratives habituelles. Ainsi, un documentaire devient tout logiquement fiction par la seule présence de la caméra qui crée un cadre et délimite un regard. Alors, au cœur de la Taiga, deux familles vivant en autarcie isolées de tout se confrontent l’une à l’autre, comme s’il s’agissait d’une fiction. Chez Cogitore, l’inventivité narrative, l’expérimentation et la mise en scène des images se mêlent à des réflexions plus profondes sur la société.
C’est pourquoi depuis ses débuts, au-delà du fait que son travail est exposé ou projeté de partout du Moma au Centre Pompidou, en passant par l’ICA à Londres, il multiplie les prix et les distinctions : Prix de la Fondation Gan au festival de Cannes pour son premier long métrage, mais aussi le Prix du film de Locarno, de Los Angeles, de San Sebastian, ainsi que le Prix BAL pour la jeune création, le Prix Sciences Po pour l’art contemporain, le Prix Ricard (2016), et enfin le Prix Marcel Duchamp (2018) pour une dystopie réalisée à partir d’images sélectionnées dans une banques de données. Une véritable réflexion sur la fascination des images et leur prise de pouvoir sur le réel