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Disparition de Pierre Carron

Disparition de Pierre Carron - Professeur aux Beaux-Arts de Paris

C’est avec tristesse que nous avons appris cette semaine la disparition de Pierre Carron. Peintre, sculpteur et académicien, Pierre Carron a été formé aux Beaux-Arts de Paris où il a ensuite enseigné trente ans (1967-1997).

 

Né en 1932 à Fécamp, Pierre Carron apprend le dessin à l’Ecole des Beaux-Arts du Havre puis à l’école nationale des Arts décoratifs de Paris. Il entre comme élève à l’école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1952, date à partir de laquelle il participe à de nombreuses expositions.
Prix de la Critique en 1957 et Premier Grand Prix de Rome pour la peinture en 1961, Pierre Carron séjourne à la Villa Médicis de 1961 à 1964 où il rencontre Balthus, alors directeur de la Villa, avec qui il se lie d’amitié.


Nommé professeur aux Beaux-Arts de Paris en 1967, il y enseigne jusqu’en 1997. D’abord chargé de l’atelier nature morte dans le champ du dessin et de la peinture, il reprend l’atelier de Raymond Legueult. Il fonde en 1968 le Groupe de Recherche des Moyens d’Expression Plastique et le cours Analyse d’une œuvre. 
Il est élu à l’Académie des Beaux-Arts en 1990.

 

Pierre Carron peignait et sculptait avec poésie l’enfance, les paysages, les marines… « J’ai fondamentalement le goût de l’enfance et au fond, je me sens incapable de vivre la vie des adultes avec lesquels je suis souvent mal à l’aise, intimidé » confiait-il.

 

Pour les Beaux-Arts de Paris, Pierre Carron fut à la fois un élève particulièrement brillant (« un des peintres les plus doués de la jeune génération » selon les termes du directeur de l’époque) et un professeur marquant puisqu’il y enseigna pendant plus de trente ans. Les collections conservent l’œuvre qui constitue l’apogée de sa formation, son prix de Rome (1960). Le contexte artistique en faisait un défi majeur puisqu’André Malraux oeuvrait alors à moderniser ce concours. Le sujet choisi cette année-là laissait une grande liberté d’interprétation aux candidats puisqu’il s’agissait de rendre hommage à un peintre - au choix Fouquet, Bosch, Poussin, Tintoret, Goya – avec l’injonction de proposer une œuvre personnelle. Il n’est guère étonnant que Carron, qui avait été de façon exceptionnelle démobilisé de la Guerre d’Algérie pour participer au concours, ait choisi le peintre « noir » Goya. Il en livra une interprétation singulière, empreinte d’une poétique tristesse, à la fois sombre et lumineuse.

 

Ses obsèques seront célébrées ce vendredi 25 mars à l’église Saint-Germain-des-Prés.

 

Crédit photo : Yann Arthus-Bertrand