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Point Éphémère, une Pompéi du spectacle vivant

Point Éphémère, une Pompéi du spectacle vivant

Fermé depuis mars 2020, en application des mesures sanitaires, le Point Éphémère, a souhaité mettre à profit cette fermeture en documentant ses lieux, notamment sa salle de concert. Ainsi, des archéologues de l’Inrap et des étudiants des Beaux-Arts de Paris se sont associés à lui pour mener une étude archéologique couplée à un projet artistique. Le résultat de ces travaux se présente sous la forme d’une modélisation en 3D, enrichie de photographies, de sons, d’archives et de textes, documentant l’équipement et le fonctionnement de cette salle ainsi que son usage par le public et les divers acteurs du lieu. Ce site archéologique ouvre exceptionnellement ses portes samedi 19 juin, à l’occasion des Journées européennes de l’archéologie (JEA).
Situé au 200 quai de Valmy, à Paris, dans le 10e arrondissement, Point Éphémère est depuis 2004 un centre artistique qui s’est surtout fait connaitre par sa scène dédiée aux musiques actuelles. Cette salle « debout », totalement hermétique du fait de son isolation phonique, a été fermée en 2020. Souhaitant dans ce contexte lancer une réflexion sur l’usage et le fonctionnement des salles de concert, Point Éphémère s’est tourné vers l’Inrap et les Beaux-Arts de Paris, en vue de réaliser un projet d’art et d’« archéologie du présent ».

Une modélisation en 3D d’une salle de concert

Cette salle de concert est donc devenue provisoirement une « Pompéi du spectacle vivant ». Si le concept « salle de concert » ne soulève pas de difficulté a priori, l’étude archéologique de son architecture, mais aussi de sa culture matérielle (ses équipements) comme de ses traces d’usage les plus fugaces, permet d’identifier un modèle singulier et de documenter son organisation (vision, audition, station, déambulation…), ainsi que, au-delà de la scène, l’ensemble des éléments dont l’agencement produit le spectacle. Le projet d’archéologie au Point Éphémère a pris la forme d’une modélisation en 3D permettant aux spectateurs de circuler librement au coeur de la salle et de ses annexes (loges, coursives bar, vestibule…) et de s’arrêter sur ses points d’intérêt. Un topographe de l’Inrap, Mehdi Belarbi, spécialiste de la photogrammétrie, a réalisé cet environnement numérique, en collaboration avec, Gilles Bellan, un archéologue spécialiste des périodes contemporaines. Ce dispositif est complété par un état des lieux réalisé par les étudiants Hugo Bonnet (3eme année) et Lalie Thebault Maviel (5eme année) de l’atelier Julien Sirjacq des Beaux-Arts de Paris : photographies centrées sur des micro-détails et des traces d’usage (graffitis, usures, raclages, ajouts…), bande son et documents d’archive. Des textes produits par une « praticienne du lieu » et l’archéologue, accompagnent ce dialogue entres arts et archéologie.

Le prototype de « Archéologie au Point Éphémère » est accessible ici.

Le Point Éphémère aux Journées européennes de l’archéologie

À l’occasion des Journées européennes de l’archéologie, le samedi 19 juin, la salle de concert du Point éphémère, devenue un site archéologique et un lieu de réflexion sur l’archéologie du présent, ouvre exceptionnellement ses portes pour des visites à jauge réduite. Dans le respect du protocole sanitaire, l’équipe du Point éphémère, des archéologues de l’Inrap et des étudiants des Beaux-Arts de Paris accueilleront le public et animeront des visites de cette salle de concert.

Art et archéologie : un dialogue fécond

En novembre 2019, Dominique Garcia, président de l’Inrap, et Jean de Loisy, directeur de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, ont signé un accord cadre favorisant la connaissance de l’archéologie préventive par la création contemporaine. Un partenariat de mobilité étudiante avec l'Inrap et les Beaux-Arts de Paris, initié en 2021, permet à des étudiants de se rendre sur un chantier d’archéologie préventive en outre-mer en tant qu’observateurs actifs au sein d’une équipe de recherche, afin de nourrir leur réflexion et leur pratique dans un contexte non-artistique. Le projet d’archéologie au Point Éphémère est une nouvelle illustration de ces échanges, dans le contexte troublé de la crise sanitaire.

L’Inrap

L’Institut national de recherches archéologiques préventives est un établissement public placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche. Il assure la détection et l’étude du patrimoine archéologique en amont des travaux d’aménagement du territoire et réalise chaque année quelque 1800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles pour le compte des aménageurs privés et publics, en France métropolitaine et outre-mer. Ses missions s’étendent à l’analyse et à l’interprétation scientifique des données de fouille ainsi qu’à la diffusion de la connaissance archéologique. Ses 2 200 agents, répartis dans 8 directions régionales et interrégionales, 42 centres de recherche et un siège à Paris, en font le plus grand opérateur de recherche archéologique européen.

Point Éphémère

Point Éphémère est un centre de dynamiques artistiques ouvert en 2004 par l’association Usines Éphémères qui investit des lieux en déshérence pour mener à bien une proposition artistique et culturelle. Les objectifs de Point Éphémère, en lien avec la Mairie de Paris, sont le soutien à la jeune création en proposant aux artistes des espaces de travail et la diffusion de la scène émergente pour favoriser sa rencontre avec le public. Ouvert à tous et toutes dans leurs différences et leurs singularités, Point Éphémère, c’est un esprit alternatif, indépendant et festif qui fait de lui un acteur culturel important de la capitale.

Les Beaux-Arts de Paris

Les Beaux-Arts de Paris sont à la fois un lieu de formation et d’expérimentations artistiques, d’expositions et de conservation de collections historiques et contemporaines et une maison d’édition. Héritière des Académies royales de peinture et de sculpture, placée sous la tutelle du ministère de la Culture, l’Ecole a pour vocation première de former des artistes de haut niveau. Elle occupe une place essentielle sur la scène artistique contemporaine. Conformément aux principes pédagogiques qui ont toujours eu cours aux Beaux-Arts, la formation y est dispensée en atelier, sous la conduite d’artistes de renom. Cette pratique d’atelier est complétée par une palette d’enseignements théoriques et techniques qui ont pour but de permettre aux étudiants une diversité d’approches. Les Beaux-Arts de Paris, ancrés dans la réalité économique et sociale, se donnent également pour mission de créer des passerelles entre la vie étudiante et la vie professionnelle, notamment en initiant leurs étudiants au monde de l’art et en favorisant les rencontres avec ses acteurs.