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Adolphe MONTICELLI (Marseille, 1824 – 1886)

La Halte des cavaliers près de la fontaine, c. 1876-1878, Huile sur panneau, 46 x 72 cm, MU 12688

 

Peintre marseillais, formé à l’école des beaux-arts de Marseille, Adolphe Monticelli fut un artiste prolifique, principalement connu pour ses scènes de genre et ses petits paysages luxuriants. A la suite de Delacroix et des peintres de Barbizon, sa touche à la fois enlevée et empâtée a profondément renouvelé la manière des peintres de capter la lumière. Son rôle pour l’histoire de l’art fut aussi modeste que fondamental puisqu’il joua principalement celui d’un passeur en inspirant Van Gogh, et à sa suite, l’école expressionniste, en assurant à la fin du siècle la transmission des acquis la révolution romantique. Bien qu’ils ne se soient jamais rencontrés puisque Monticelli décéda en 1886, juste après l’arrivée de Van Gogh en France, ce dernier a pu admirer lors de son séjour à Paris de nombreux tableaux du peintre marseillais chez un marchand de la rue de Provence, Joseph Delarebeyrette, auprès duquel, avec l’aide de son frère Théo, marchand d’art également, il put même en acquérir.

 

A l’instar d’une muse, l’œuvre de Monticelli fut pour Van Gogh une source d’inspiration essentielle, une progression fondamentale dans la relation entre les couleurs. Les émouvantes lettres écrites à son frère Théo révèlent aussi la force psychologique de ce processus de transmission : « Je suis sûr que je continue son œuvre, ici, comme si j’étais son fils ou son frère, [...] reprenant la même cause, continuant la même œuvre, vivant la même vie, mourant la même mort. » (The Complete Letters of Vincent Van Gogh, Greenwich, 1958, III, 446, n°W.8.).  L’approche de la lumière méditerranéenne propre au peintre marseillais, aux vives tonalités orangées, l’incita même à venir s’installer en Provence.

 

La découverte de la peinture de Monticelli, étape essentielle dans l’apprentissage artistique de Van Gogh, fut parallèle à son passage (octobre 1886) au sein de l’atelier de Fernand Cormon, professeur à l’école des Beaux-Arts, dont il jugea l’apport décevant. L’influence de Monticelli est aujourd’hui du reste bien plus tangible esthétiquement que celle de Cormon. L’acquisition de cette œuvre pour les collections des Beaux-Arts de Paris est ainsi une façon d’illustrer de manière emblématique le phénomène de la transmission artistique, qui se trouve au cœur de l’histoire de l’institution, et d’éclairer la complexité de ses modalités. Par sa technique, son sujet historiciste comme par son rôle, elle constitue une forme de complément à leur importante collection d’esquisses peintes.