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Henri CUECO (Uzerche, 1929 – Paris, 2017)

Autoportrait aux feuilles de pissenlit, n°2, 2002, acrylique sur toile, 46 x 55 cm, MU 12684

 

Incité par son père, peintre espagnol immigré et sans succès, à peindre depuis l’âge de 5 ans, Henri Cueco fut un autodidacte qui se passionna à la suite de Paul Rebeyrolle dès les années 1950 pour la figuration, à une époque qui privilégiait l’abstraction. Il devint au début des années 1960 une personnalité marquante de la Nouvelle Figuration. Sa pratique artistique fut dans les années 1960 et 1970 le reflet de son engagement politique, qui l’amena à participer à l’Atelier populaire et fonder en 1969 la Coopérative des Malassis. Ce grand humaniste fut aussi peintre, écrivain, orateur, narrateur, dessinateur, illustrateur, graveur et décorateur de théâtre. Il enseigna à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris de 1984 à 1994, avec l’ambition d’être « un miroir qui parle, pas un monsieur qui vient dire : « je suis plus fort que vous »… Certains élèves m’apprennent des choses. »

Cet Autoportrait aux feuilles de pissenlit est une des quatre acryliques entrées dans la collection qui constituent une série consacrée à la représentation de l’être humain. En découpant son visage et en l’associant, comme dans un herbier, avec des éléments végétaux, feuilles, graines et tiges, le peintre révèle avec humour le caractère utopique de l’autoportrait comme représentation scientifique et exacte. Il détourne également l’usage symbolique du pissenlit, plante éminemment populaire. Il n’en représente pas la fleur qui est pourtant depuis le XIXe siècle avec la célèbre Semeuse des éditions Larousse associée à l’idée de diffusion de la connaissance mais la feuille, connue pour ses vertus médicinales prosaïquement diurétiques. A la référence au savoir normalisé par l’édition, Cueco préféra associer son visage, siège de l’esprit, à la complexité du fonctionnement anatomique, en évoquant métaphoriquement un de ses aspects les plus triviaux mais aussi essentiellement purificateur.