À l'occasion de la rétrospective en deux volets Frederick Wiseman – Nos humanités organisée au Centre Pompidou, les étudiant·es de l’atelier d’Angelica Mesiti avec Marion Naccache proposent un dialogue avec le cinéaste autour de son œuvre magistrale.
Le cinéma de Wiseman, à travers ses institutions et ses explorations sociales, capte le monde dans ses paradoxes, alternant avec subtilité, gravité et humour, et suscitant une large palette d’émotions. En évitant les conventions documentaires classiques, Wiseman place la justesse et la complexité humaine au cœur de ses films, explorant des thèmes universels comme la dignité, l’égalité et l’inclusion.
Frederick Wiseman commence sa carrière au début des années 60 en enseignant la médecine légale et le droit à la Boston University. Parallèlement à ses activités professorales, il publie “Psychiatry and Law : Use and Abuse of Psychiatry in a Murder Case” dans l’American Journal of Psychiatry (1961) et co-signe la section “Implementation” du Report of the President Commission of Law Enforcement and Administration of Justice.
Il abandonne soudainement le droit pour se consacrer au cinéma et plus précisément au documentaire. Il signe d’abord Titicut follies (1967), sur la Prison d’État pour Criminels aliénés à Bridgewater dans le Massachusetts, qui met en place le style et la démarche de toute son œuvre.
À l’inverse de l’école documentariste américaine, il s’attache dans chaque "Reality Fiction", selon sa propre dénomination, à observer le mode de fonctionnement d’une institution et à étudier « les relations complexes que l’homme entretient avec les institutions qui reflètent ses valeurs et déterminent son existence » (Thomas R. Atkins in Frederick Wiseman ; Monarch Press, 1976), sans aucun commentaire explicatif, ni interview.
Dans les années 70, il s'intéresse aux effets dramatiques et inhumains de la bureaucratie dans Law and Order, Juvenile court, and Welfare.
Dans les années 80, il aborde l'influence de la société de consommation américaine dans le monde avec The Store, Model et Sinai Field Mission tandis que Blind, Deaf, Multi-Handicapped et Au bord de la mort traite des handicaps physiques et de leurs impacts sur l'esprit.
Dans les années 90, il aborde de nouveau des thèmes sociaux avec Public Housing (1997) sur la misère d'un ghetto noir de Chicago, Belfast, Maine (1999) ou Domestic Violence (2001).
En 2002, après avoir reçu des dizaines de prix à travers le monde pour ses documentaires, il tourne son premier film de fiction, La dernière lettre, sur le génocide des juifs pendant la deuxième guerre mondiale. Les sujets de ces derniers films : le club de boxe Lord's Gym (2010), le Crazy Horse (2011), l'université de Berkeley (2013), la National Gallery (2014), le quarter de Jackson Heights (2015) ou encore la New York Public Library (2017).
Crédits photos : Frederick Wiseman © Peggy McKenna-Penobscot Marine Museum