« Avec Isadora Duncan, Jérôme Bel dressait pour la première fois le portrait dansé d’une chorégraphe, après s’être exclusivement concentré sur la vie des interprètes. Pour cette nouvelle création, qu’il qualifie d’« auto-bio-choréo-graphique », il se prête à son propre exercice et livre son récit personnel d’une vie de danse.
L’adresse performée du chorégraphe, seul en scène, répond à la diffusion d’archives filmées et réactive la mémoire de gestes, de partitions, de faits biographiques que le discours vient mettre en correspondance. Projet éponyme d’une pièce fondatrice de son répertoire, Jérôme Bel prend [la forme] d’une généalogie des éléments moteurs de son œuvre, là où le personnel se noue à l’artistique et au politique. Jérôme Bel se raconte en effet pour la première fois, partage ses doutes, ses engagements, ses échecs comme ses engouements. Alliant le faire récit au faire sens, la pièce articule ainsi des fragments de sa vie, de sa carrière et de son projet intellectuel pour en révéler les structures communes. »
Texte de Florian Gaité pour le Festival d’Automne à Paris, 2021
Dans ses premières pièces, Jérôme Bel applique des opérations structuralistes à la danse pour isoler les éléments premiers du spectacle théâtral.
Son intérêt se déplace par la suite de la danse comme pratique scénique à la question de l’interprète comme individu particulier. La série des portraits de danseurs (Véronique Doisneau, Cédric Andrieux, Xiao Ke…) aborde la danse par le récit de ceux et celles qui la font, met en avant la parole dans un spectacle chorégraphique et impose la question de la singularité sur scène.
Par le recours au biographique, Jérôme Bel politise ses interrogations, attentif à la crise du sujet dans la société contemporaine et aux modalités de sa représentation sur scène. Proposant la scène à des interprètes non traditionnels (amateurs, handicapés moteurs et mentaux, enfants…), il privilégie la communauté des différences au groupe formaté, le désir de danser à la chorégraphie, pour mettre en œuvre les moyens d’une émancipation par l’art.
Depuis 2019, pour des raisons écologiques, Jérôme Bel et sa compagnie n'utilisent plus l'avion pour leurs déplacements et c’est avec ce nouveau paradigme que ses derniers ont été créés et produits.
Deux de ses films, Véronique Doisneau et Shirtologie, font partie des collections du Musée National d’Art Moderne-Centre Pompidou. En 2005, Jérôme Bel reçoit un Bessie Award pour les représentations de The show must go on à New York. En 2008 il est, avec Pichet Klunchun, récompensé par le Prix Routes Princesse Margriet pour la Diversité Culturelle (Fondation Européenne de la Culture) pour le spectacle Pichet Klunchun and myself.
Disabled Theater reçoit le Prix suisse de danse « création actuelle de danse » en 2013.
En 2021, Jérôme Bel et Wu-Kang Chen reçoivent le Taishin Performing Arts Award pour le spectacle Danses pour Wu-Kang Chen.
Penser le Présent est réalisé avec le soutien de Société Générale.
Entrée libre dans la limite des places disponibles