Mardi 20 mai 2025

19H00 - 20H30

Amphithéâtre des Loges

14 rue Bonaparte, 75006 Paris

ENTRÉE LIBRE

À l’occasion d’une soirée consacrée à l’artiste Frank Bowling, la commissaire d’exposition Julia Marchand et le conteur d’expositions Chris Cyrille ont souhaité faire dialoguer plusieurs voix avec son œuvre poétique, celle de l’artiste et saxophoniste Dimitri Milbrun et de la poétesse et pawolèz Simone Lagrand.

 

C’est depuis une histoire de l’art décentrée, celle de l’Atlantique noir, qu’il et elle proposent d’aborder la trajectoire diasporique de cette œuvre, dans laquelle la mer et son histoire (« The sea is history », écrivait le poète Derek Walcott), ainsi que les couches géographiques — voire géologiques — du monde, jouent un rôle fondamental.

Pour approcher une peinture aussi diffractée, il et elle ont convié la parole d’une poétesse, d’un artiste, et les échos lointains de la Mer. L’événement est soutenu par Frank Bowling Foundation. Le travail de l’artiste est visible à la galerie Hauser & Wirth jusqu’au 24 mai 2025.


Julia Marchand est une commissaire d’exposition basée à Paris et Venise, commissaire du pavillon Géorgien de la dernière édition de la Biennale de Venise. Diplômée du MFA Curating de la Goldsmiths College en 2015, elle a été commissaire d’exposition à la Fondation Vincent Van Gogh entre 2015 et 2023. Elle a conçu, entre autres, Action / Gesture/ Paint : women artists and global abstraction 1940-70 (2023) ; Laura Owens and Vincent van Gogh (2021) ; Nicole Eisenman & The Modern (2022), Siècles noirs : James Ensor & Alexander Kluge (2019), ainsi que La Complicité (2020), Niko Pirosmani (2018), Soleil Chaud, Solail Tardif (2018) et La Vie simple – Simplement la Vie (2017).

Directrice artistique de la plateforme curatoriale et discursive Extramentale, fondée en 2016 pour analyser les esthétiques adolescentes dans le champ des arts visuels depuis le début des années 1990, Julia Marchand a travaillé notamment avec Saradibiza pour le jeu vidéo TVSF (exposé au Centre Pompidou Metz et au Festival Octobre Numérique – Faire Monde), Mathias Garcia (Extramentale, Arles), Anaïs-Tohé Commaret (Centre d’Art Edouard Manet, Gennevilliers), Mohamed Bourouissa (Les Rencontres Internationales de la Photographies), Lisa Yuskavage (Galerie Zwirner, Paris) et les oeuvres de Henry Darger (Galerie Sultana, Paris). En 2020, elle a organisé un symposium autour du carnavalesque au Centre Pompidou Paris avec, entre autres, Claire Tancons, Paul B. Preciado, Jenkinv. Zyl et Jean-Baptiste Carobolante.

 

Chris Cyrille-Isaac est poète, critique d’art, commissaire d’exposition et doctorant en philosophie au département de français de New York University. Il enseigne la théorie à l’École supérieure d’art de Clermont Métropole et collabore avec diverses revues et magazines, dont Le Quotidien de l’Art. Il a également été chroniqueur pour le podcast L’Esprit critique de Mediapart.

Co-auteur du livre Mais le monde est une mangrovité (Rotolux Press, 2023), il a aussi curaté l’exposition éponyme à Fiminco en 2021. Il dirige le projet transdisciplinaire Mangrovité et préside la plateforme curatoriale Mangrovity Art Fund. Sa recherche explore les philosophies caribéennes, l’internationalisme noir et la littérature anticolonialiste. Après avoir été commissaire pour la Biennale Intercontinentale de Guadeloupe en 2021, il a curaté l’année suivante une réactivation du Second Congrès des Écrivains et Artistes Noirs à la Villa Romana (Florence). Il est membre du comité scientifique du Édouard Glissant Art Fund et des Routes des personnes mises en esclavage de l’UNESCO. Ancien résident de la Villa Médicis dans le cadre d’un programme des Ateliers Médicis, il a également été chargé de recherche au Centre Pompidou entre 2019 et 2020. Il est aussi lauréat du prix Dauphine 2017, du Prix AICA 2020, de la bourse ADIAF Émergence 2022 et de la bourse curatoriale du Cnap 2022.

 

Simone Lagrand (1980 – Martinique) est poétesse-pawolèz et artiste indisciplinaire. Facilitatrice d’ateliers d’écriture et manifestante poétique, elle a fait de sa "pawòl" son bouclier contre l’algie post-coloniale. Elle explore les notions de langue, de plaisir, ou de solitude filiale pour créer des biotopes poétiques qui circulent entre quatre points cardinaux : les écrits pour enfants, la divination poétique, l’expression de l’érotisme dans un territoire diglossique, et une réflexion sur la joie à travers divers espaces tels que le rituel funéraire ou l’informel dans la culture caribéenne. Récemment présentés au Palais de Tokyo, HKW (Berlin), SESC Pompeia (Sao Paulo), Schomburg Center for Black Culture (New York), elle vit entre la Seine-Saint-Denis et la Martinique

 

Dimitri Milbrun est un artiste et saxophoniste franco-haïtien dont la pratique artistique explore les liens entre les traditions spirituelles haïtiennes et une esthétique contemporaine expérimentale. À travers le dessin, le son et l'animation, il s’inscrit dans une démarche de réalisme merveilleux, mêlant mythologie vaudoue, réflexions identitaires, créolité et dénonciation des injustices historiques. Son travail célèbre l’affirmation noire tout en critiquant l’héritage colonial et en jouant avec les frontières entre l’art visuel et le sonore. Jusqu’au 11 mai il participe à l’exposition « Joie Collective » au Palais de Tokyo.
 

Crédit photo : © Grégoire d’Ablon et © Damien Jélaine