Mercredi 14 juin 2023

19H00 - 21H00

Amphithéâtre des Loges

14 rue Bonaparte, 75006 Paris

ENTRÉE LIBRE

Projection de courts métrages de six artistes élèves ou diplômés de l’École : Joon Yoo, Valentin Ranger, Elfie Mahé, Enzo Perrier, Jérémie Danon, Anaïs-Tohé Commaret.

Les projections seront suivies d’un moment d’échange avec les artistes.
Une programmation pensée et élaborée par Alice Narcy, curatrice et directrice de Premiers Films
 

Joon YOO - UNIVERSE MEMORY – (9’25”)
Corée du Sud. 1985.
Joon YOO explore la confrontation entre la perception subjective du temps et la notion objective imposée par un système orienté vers le progrès.
Pour elle, la partition musicale est comme une métaphore de la société qui suit des conventions rigides. Elle cherche à rendre la musique plus souple et accessible à tous.
En 2019, lors de son séjour dans le désert d'Atacama, elle a fait l'expérience d'un son électronique presque inaudible qui l'a poussée à s'interroger sur son mouvement. En résidence à la Fondation Fiminco, elle a créé 21 gravures pour représenter cette expérience, brisant ainsi avec la conception linéaire habituelle du temps musical. En 2023, elle a créé une vidéo du même nom pour exprimer sa propre expérience subjective du temps vécu à travers la narration et le son. Elle cherche à explorer la dimension collective du temps en posant les questions "Qu'est-ce que le temps produit ?" et "Qu'est-ce que l'éternité ?".
La composition sonore a été conçue pour donner l'impression d'une sculpture de l'air par résonance, permettant ainsi une exploration de la porosité du temps avec chaque élément sonore - voix, bruitages, instrument électronique - invitant le spectateur à explorer ses propres ressentis à travers la musique. Cette expérience immersive encourage une brève contemplation dans une dimension immatérielle, pour un moment de calme et de réflexion.

Valentin Ranger - Infectia Orgasma Symphonia
Allez Vers le Meta Hospital, 4e volet d’une série de films modelés et peints en 3D, formant un monde spéculatif, appelé Infectia Orgasma Symphonia. Composé de plusieurs dizaines d’entités corps et rencontres intuitives, le Meta hospital est traversé par un fleuve de sang virtuel. Ici les entités y sont fouillées, auscultées, pénétrées, soignées. Le sang virtuel se déverse dans un environnement liant les corps ensemble, leur permettant de se régénérer, se découvrir et de construire de nouveaux récits.  Le film est accompagné de la musique de la compositrice Ines Cherifi.   

Valentin Ranger est né en 1992 et travaille entre Londres et Paris. Après plusieurs années d’études théâtrales, il est diplômé des Beaux Arts de Paris et de la Royale College of Art à Londres en 2023. Il remporte le prix Agnès B en 2020 et le Prix Spéciale du Jury à la Bourse des Révélations Emerige 2022. Son travail a été montré au Reiffer Art Initiative, à la FAB/galerie du Jour, à la Galerie Sultana, au Frac Île de France ou à la Villa Noailles. Il prépare son premier solo show à Londres à la Zabludowicz Collection (Invites Program) fin Novembre 2023, et son premier solo show à Paris en 2024 à la galerie Mor Charpentier.   
 

Elfie Mahé 
Le travail d’Elfie Mahé réunit des films, des photographies argentiques et de la sculpture. Ces trois différentes pratiques naissent du même appétit pour le réel. Que ce soit imprimé dans une pellicule ou dans du plâtre, le film et le moulage gardent une empreinte de ce qui nous entoure. À partir de cette reproduction, une réflexion peut s’engager : que cherche-t-on à capturer, pourquoi et comment est-ce représenté ? 

Ses thèmes de prédilections sont le corps, la nature et l’intime. Chacun de ses projets s’articule autour de la question du désir et tous les sentiments ambigus, honteux ou sublimes qui en découlent. Moulage, photo et film sont donc les fragments de ce qui excitent le regard. Désirer induit nos actions, nos rêveries. Désirer révèle notre manière d’être au monde. 
Depuis l’arrivée des réseaux sociaux dans notre quotidien, le rapport à notre image est bouleversé. Les objectifs d’appareil photo deviennent des miroirs grossissants et chacun ne cesse d’être confronté à son reflet et à celui des Autres. Entre documentaire et fiction, sa vidéo se présente comme une discussion habituelle entre plusieurs adolescentes, se comparant à une influenceuse d’Instagram, nouvelle figure liée à l’explosion du réseau social. Le quotidien de ces dernières est confronté à une vie plus tumultueuse où tout est prétexte à l’envie. Les jeunes filles, toutefois conscientes du reflet illusoire que renvoient nos écrans, développent vite un comportement naturel, mais malsain, face à une vie mise en scène et trompeuse. Une vie loin du lycée de Manon, Sheila et Sonia. En naviguant sur Instagram, les adolescentes oscillent entre jalousie, glorification et désespoir. Comment se construire face à ces images lisses, individualistes et uniformes ? 

Enzo Perrier - Les Ogres, 2021 (3’18)
Enzo Perrier est un étudiant à là Via Ferrata (classe préparatoire des Beaux-Arts de Paris). Son travail s’articule principalement autour de la photo, du cinéma et de l’installation en questionnant la construction identitaire, les stéréotypes ou encore la solitude.

Deux hommes luttent et s’agrippent dans un décor clinique. Leurs étreintes laissent imaginer que l’origine du conflit est plus complexe qu’un simple jeu d’égo. Court métrage réalisé et développé au sein du laboratoire associatif, “L’Abominable”.

Jérémie Danon – Plein air
Au travers de formes hybrides qui font converser fiction et documentaire, Jérémie Danon pense des projets vidéos comme autant d’opportunités laissées à d’extraordinaires protagonistes de l’ordinaire de prendre la parole et la lumière. Grâce à leurs forts potentiels narratifs, ils l’aident à interroger le réel. 
Récompensé par des prix d'art contemporain comme le prix du jury Sarr lors de l'exposition CRUSH aux Beaux-Arts de Paris, le prix carte blanche étudiante durant Paris photo, le prix du jury de Paris 1 Panthéon-Sorbonne pour l'art contemporain. Il a reçu plus récemment le prix Artaïs lors de la 72ème édition du festival Jeune Création. Jérémie a également été récompensé pour son travail cinématographique en recevant le prix du jury du meilleur court métrage français pour son film Afrokingdom lors du Festival Champs-Elysées Film Festival.
Dans le cadre de ses projets, Jérémie s'implique en tant que bénévole au sein de l’atelier d’expression plastique Jean Wier de l’hôpital psychiatrique Eps - Erasme pendant deux ans. Il a ensuite animé des ateliers de pratiques mixtes pour accompagner des personnes vers la réinsertion après l’incarcération : de ces rencontres est né Plein air. Le film Plein air fait désormais partie des collections de la fondation italienne Fondazione In Between Art Film et des collections du Musée d'Art Moderne de Paris - MAM. Il prolonge aujourd’hui ce projet avec une série d’images réalisées à la chambre photographique, en étroite collaboration avec la maison d’édition The eyes publishing pour la parution d'une monographie en 2024.
En juin 2022, pour son exposition personnelle à la galerie Pal project, il présente une installation multimédia composée de projections sur des peintures et impressions 3D avec du son. Dans le cadre de la Biennale de Paname au 104 Paris en septembre 2023, Jérémie Danon prépare actuellement une nouvelle installation utilisant un moteur d'intelligence artificielle pour la production d'images qui viendront habiller des peintures réalisées par l'artiste.

Plein air met en scène des individus en réinsertion. Sortis du milieu carcéral, ils se retrouvent aujourd’hui dans une liberté différente de celle qu’ils ont connue avant leur détention. 
Transformés par l’expérience de la captivité, ils portent un regard nouveau sur ce monde retrouvé, où ils se heurtent à la rudesse d’un système inadapté à leurs situations et aux faibles possibilités d’emploi qu’il a à leur offrir. 
Après avoir passé du temps avec eux, Jérémie Danon a invité cinq anciens détenus à prendre la parole sur un fond vert ; ce dispositif lui permet de présenter leurs témoignages tout en les décontextualisant de la réalité, au moyen d’espaces imaginaires.
De l’univers mythopoétique de Falkreath The Elder Scrolls à celui du jeu d’action- aventure GTA V, ces décors de synthèse tirés de jeux vidéo ont été choisis d’après leurs réponses à la question :  « où aimerais-tu être maintenant ? ». Leurs natures luxuriantes et virtuelles s’opposent tant à la captivité passée de ces personnes qu’à l’hostilité nouvelle de la ville bétonnée et regagnée.
Au milieu de ces espaces machinima, ils témoignent du décalage et de l’impossible retour à la réalité qu’ils éprouvent. Plein air tente de déplacer le regard sur les personnes en réinsertion tout en abordant sans tabou les failles d’un système établi qui refuse de se remettre en question.


Anaïs-Tohé Commaret
Anaïs-Tohé Commaret explore les potentialités sensorielles du médium filmique et son travail se définit par un va et vient entre la fiction et le documentaire. Elle remporte le prix coup de cœur du jury décerné par le Mac Val, Le Palais de Tokyo et Lafayette anticipation au Salon d’arts contemporain de Montrouge en juin 2022. Son univers vaporeux et fantasmagorique provient d’une fascination pour les personnages qu’elle définit comme des anti-héros/des fantômes qui sont des êtres qui errent entres les intervalles, cherchant un endroit où se sentir bien. En parallèle, elle exerce le métier de danseuse érotique dans un cabaret parisien. C’est de cette expérience qu’est née une nouvelle forme de questionnement dans sa démarche autour du système capitaliste, du travail et de l’autosuffisance des TDS.

Penser le Présent est réalisé avec le soutien de Société Générale.

Amphithéâtre des Loges – 14 rue Bonaparte, Paris 6e
Entrée libre dans la limite des places disponibles