Le Théâtre des expositions est un programme du Palais des Beaux-arts entièrement conçu, développé et mis en œuvre par les étudiants et les commissaires de la filière « Artistes & Métiers de l’exposition » aux Beaux-Arts de Paris.
Ce n’est pas une menace, c’est une promesse, La Pelure du héros moderne, Points. et Répliques Japonisme 2021 sont les nouveaux projets de l’Acte 2 de la deuxième saison du Théâtre des expositions et sont présentés du 9 décembre 2021 au 8 janvier 2022.
Un fanzine, le vêtement dans tous ses états, des œuvres cachées derrière des QR codes, un atelier de broderie, un jeu de ping pong avec des estampes japonaises sont quelques unes des propositions que l’on retrouvera dans ce nouvel acte.
Ces expositions, chacune à leur manière, traversent le temps en confrontant les œuvres patrimoniales des collections à celles, contemporaines, des professeurs et étudiants des Beaux-Arts de Paris, et d’autres artistes invités.
Ce joyeux laboratoire expérimental met en jeu le principe même d’exposition avec des formes encore inqualifiables, parfois déroutantes.
Les Beaux-Arts de Paris remercient leurs partenaires pour le Théâtre des expositions et la filière « Artistes & Métiers de l’exposition » : le fonds de dotation Bredin Prat pour l’Art Contemporain, Altarea, Moët Henessy, l’association des Amis des Beaux-Arts de Paris et le Palais de Tokyo.
Infos pratiques :
Vernissage le mercredi 8 décembre 2021 de 18h à 21h
Fermeture de l'exposition les 25 décembre 2021 et 1er janvier 2022 et fermeture les 24 et 31 décembre à 17h exceptionnellement.
Selon la réglementation en vigueur depuis le 21 juillet, le passe sanitaire ou une preuve de Test RT-PCR ou antigénique négatif de moins de 72 heures au moment du contrôle, vous seront demandés. Le port du masque est obligatoire.
Ce n'est pas une menace, c'est une promesse
Dans son ouvrage Open the Kimono, Lutz Bacher, artiste américaine travaillant sous pseudonyme, glane furieusement des bribes de mots, aussi bien issues « de la télévision des pubs des films des news de la radio des romans des avions des métros des trottoirs et des ascenseurs ». Ainsi isolés, ces poncifs résonnent comme des sentences ou des préceptes, qui hantent et en même temps libèrent. It’s not a threat, it’s a promise ; l’ambiguïté de la formule, de la négation qui devient affirmation et la possible réversibilité des termes contaminent autant la parole politique que le discours amoureux.
Une menace, une promesse ; c’est l’ambivalence que la proposition explore, désirant embrasser la plasticité du langage et ses possibles torsions. L’espace académique et panoptique du Palais des Beaux-arts, qui accueille depuis un an le Théâtre des expositions, se pare ici d’un décor quasidomestique, et pourtant elliptique. S’y disséminent et s’y brouillent des voix tumultueuses, quittant la scène pour se resserrer au sein d’une publication éponyme.
Rassemblé·es autour d’une communauté affective d’artistes étudiant·es et diplômé·es de l’École, et de figures inspiratrices dont fait partie Kathy Acker, nous cherchons également, en prenant le langage comme principal matériau, des manières de dire et d’écrire le non-précieux, le grinçant, le discordant, le subverti : à son image, elle qui « aimait jouer avec la matière verbale, construire des taudis et des manoirs, démolir des banques et des bâtiments à moitié pourris, et même des bâtiments qu’elle avait elle-même construits, pour en faire des joyaux jamais vus, voire non-visibles ».
Il est des engagements militants qui, par leurs outils, révèlent le mépris glaçant des menaces et des fausses promesses de la parole politique. Celui d’Act Up-Paris se construit avec des instruments textuels, discursifs et graphiques, signes d’une lutte acharnée contre les réponses gouvernementales au virus du VIH/sida. Les archives ici entremêlées aux contributions d’artistes aspirent à rendre visible la présence de l’association dans l’École, qui demeure méconnue des étudiant·es alors même qu’elle entretient un lien fort avec l’institution, puisque cette dernière a accueilli ses réunions hebdomadaires depuis 1994.
La présence d’une bibliothèque collective dans le Palais des Beaux-arts mène à un paradoxe – celui d’accéder à des intimités, parfois déviantes, dans un espace institutionnel contraint. Tous les éléments de cette scène, du contenu de l’édition au mobilier en présence, ont valeur d’indices. Ils racontent, un à un, un récit alternatif, qui détient moins la latence d’une menace que les annonces d’une promesse.
Sur une proposition de Lou Ferrand et Lila Torquéo, commissaires de la filière « Artistes & Métiers de l’exposition ».
Avec les contributions de Kathy Acker, Act Up-Paris, John D. Alamer, Carmen Alves, Arthur Dokhan, Gabriel Gauthier, Nastassia Kotava, Ultra F. Le Meme, Rafael Moreno et Emma Vallejo.
La pelure du héros moderne
Depuis toujours, l’homme a été confronté à la nécessité de se couvrir et de fabriquer des objets, de la maison aux vêtements, destinés à le protéger, matériellement ou symboliquement.
Au XIXe siècle, avec les effets de la Révolution industrielle, les fondements et les modalités de cette pratique connurent une évolution importante. L’industrialisation bouleversa les modalités de production de ces objets, alors que l’émergence de l’individualité avec le Romantisme, puis la découverte de sa complexité avec la psychanalyse, renouvelèrent leur dimension symbolique. On découvrit également, grâce au développement des sciences historiques et archéologiques, leur caractère culturel fondateur.
Lorsque Baudelaire chercha dans son célèbre compte rendu du Salon de 1846 à saisir ce qui caractérisait la modernité, il conféra à l’habit le rôle déterminant de « pelure du héros moderne ». Cette formule percutante qui a donné son titre à cette exposition annonce l’importance que le (re)vêtement acquerra au XXe siècle dans la rénovation des pratiques artistiques fondée sur l’exploration des frontières entre les arts visuels et les arts vivants.
L’exposition rassemble près d’une centaine d’oeuvres (dessins, estampes, ouvrages, peintures, photographies) issues de la collection des Beaux-Arts de Paris, où ces questions devinrent centrales avec l’instauration à partir de 1864 d’un enseignement du drapé sur le modèle vivant.
Elle a également bénéficié des prêts généreux de la part de Nadine Morlier (Galerie Le Cygne Rose, Paris) et d’œuvres de Solène Rigou, Wan Lin Qin, Daniel Galicia, Sarah Abécassis, Marius Astruc, Léa Scheldeman, Manon Jacob et Victoire Marion-Monéger, diplômés des Beaux-Arts de Paris.
Exposition d’Alice Thomine-Berrada, conservatrice des peintures, sculptures et objets aux Beaux-Arts de Paris, Anna Oarda et Daniel Galicia, étudiants de la filière « Artistes & Métiers de l’exposition » et Nadine Murgida.
"." (Points)
« . » est une exposition bi-événementielle déployée le 8 décembre 2021 et le 6 janvier 2022 depuis les manuels de broderie conservés dans les collections des Beaux-Arts de Paris.
Déjà dans les pages, perforées afin d’en reporter les patrons et les motifs, la broderie se manifeste comme un geste. Il s’agit donc de se la représenter en termes chorégraphiques. Ainsi nous pouvons élargir notre appréhension de la broderie, et finalement saisir le « . » comme un rythme.
Le « . » est un marqueur de temps, il clôt et relance une phrase, il suspend quand il est d’orgue. Il préside phonétiquement au « point » et au « poing ».
La proposition est de concentrer l’exposition en deux événements, son vernissage et son finissage. Elle sera fermée entre-temps, de sorte d’intégrer dans la structure même de l’exposition, le double rapport temporel du geste « broder », et d’interroger ainsi la valeur de l’événement comme discontinuité dans la continuité, point dans la ligne ou le dessin.
Il faut de plus considérer l’histoire sociale et culturelle de cette pratique - les patrons de broderie étant souvent précédés d’instructions à l’attention des jeunes filles, soit autant d’injonctions patriarcales au « destin féminin ».
Les broderies sont ici célébrées, par la présence et l’habitus, en ce qu’elles ont pu générer par la suite d’affirmation, de relationnel et de résistance. Un dispositif s’articule au centre des pièces présentées, une œuvre participative autour de laquelle le public est invité à se mobiliser et à converser.
L’exposition montre les résurgences de ces gestes anciens, avec ce qu’ils traînent de mémoires individuelles et collectives, dans les oeuvres d’artistes contemporains – la trame et le point comme départ d’une histoire collective - chaque pièce se posant comme l’esquisse d’une direction, une note dans le rythme.
Exposition développée et réalisée par Paul-Émile Bertonèche et Andreas Février avec Daniel Galicia, étudiants de la filière « Artistes & Métiers de l’exposition », sur une idée d’Alexandre Leducq, conservateur des manuscrits.
Avec les artistes : Myriame El-Khawaga, Juliette Peres, Caroline Rambaud, Pierre-Alexandre Savriacouty, Blancard Superstar & Loïs Szymczak.
Avec les scénographes et architectes Romane Madede et Luna Villanueva.
Répliques japonisme 2021
Au sens théâtral, une réplique est tout à la fois une appropriation, une actualisation et une riposte. Sept artistes invités joueront au jeu de la réplique et apporteront leur réponse contemporaine aux chefs-d’œuvre des collections japonaises des Beaux-Arts de Paris, ajoutant quelques tirades à l’Histoire du japonisme dont l’École a été le théâtre.
En écho à une sélection de 24 estampes japonaises ou livres accordéons choisis dans le fonds Tronquois des Beaux-Arts de Paris, Laury Denoyes, Morgane Ely, Alice Narcy, Adoka Niitsu, Mariia Silchenko, Lucile Soussan et Alžbětka Wolfová répondent avec une œuvre contemporaine.
Sur une idée de Clélia Zernik, professeure aux Beaux-Arts de Paris, avec Anne-Marie Garcia, conservatrice, responsable des collections des Beaux-Arts de Paris, Rym Ferroukhi, Pétronille Mallié et Soukaïna Jamai, scénographes et Alice Narcy, commissaire de la filière « Artistes & Métiers de l’exposition ».