Misfire, Le Métier de vivre, Mais pour me parcourir enlève tes souliers et Le Partage d’une passion pour le dessin… Les expositions de l’Acte 4 convoquent les propriétés physiques des œuvres, leur capacité à la transformation, au déplacement, le pouvoir d’une forme à se propager dans une autre, sa capacité à faire déliquescence. Contrainte spatiale et notion d’échec, rôle du faire et de sa fonction, les expositions présentées imaginent la porosité des normes spatiales et collectives.
L’Acte 4 du Théâtre des expositions est créé par la troisième promotion 2021-22 de la filière « Artistes & Métiers de l’exposition » des Beaux-Arts de Paris. Quinze étudiants artistes de l’École travaillent en groupes avec six commissaires associés à la filière pour accompagner et faire émerger des projets d’expositions. Mais plus que d’expositions stricto sensu, il s’agit surtout d’un processus, d’une recherche et d’un partage d’idées.
L’Acte 4 sera ponctué de nombreux événements : un speed dating pour artistes célibataires, des concerts, performances, lectures… Un livret commun, bilingue, les réunit pour les présenter.
Avec l’accompagnement des conservatrices des collections.
L’identité visuelle a été conçue par Margot Bernard et Caroline Rambaud, étudiantes de la filière.
Programmation culturelle dans le cadre de l'expo :
Mercredi 6 avril
18h30 Discussion avec Alice Dusapin, chercheuse, curatrice et éditrice autour de l’ouvrage Wolfgang Stoerchle : Success in Failure
Dans le cadre de Misfire
19h45 Nefeli Papadimouli performance avec 6 performeurs 30min
Dans le cadre de Mais pour me parcourir enlève tes souliers
Mercredi 13 avril
19h30 Visite performée Partage d'une Passion pour le dessin par Emmanuel van der Elst, étudiant aux Beaux-Arts de Paris (env 15 min)
Mercredi 27 avril
18h30 Visite guidée de l’exposition Partage d'une Passion pour le dessin par Daniel Schlier, artiste et enseignant aux Beaux-Arts de Paris
18h30 Discussion entre Matthieu Quinquis, Observatoire International des Prisons (OIP); Julie Ramage, artiste et Ines Giacometti, avocate
Dans le cadre de Mais pour me parcourir enlève tes souliers
19h30 Visite performée Partage d'une Passion pour le dessin par Emmanuel van der Elst, étudiant aux Beaux-Arts de Paris (env 15 min)
MISFIRE
L’exposition Misfire accueille des œuvres qui explorent le potentiel esthétique, émotionnel et subversif de l’échec, intentionnel ou involontaire, tant au niveau de leur processus créatif que de leur réception critique. Bien que l’expérience de l’échec occupe une place centrale dans le parcours académique et professionnel des artistes formés aux Beaux-Arts de Paris, ses traces se révèlent discrètes dans l’histoire d’une école marquée, tant dans son système de concours que dans son décor architectural, par l’exaltation des réussites de ses « grands maîtres ».
Oscillant entre les émotions négatives qui lui sont traditionnellement associées et les récupérations politiques qui peuvent en émaner, sa nature ambivalente nous incite pourtant à reconsidérer son impact tant sur la matérialité des œuvres que sur la psychologie de leurs auteurs. Déployées au sein d’un espace scénique pensé comme instable et dégénératif, les expérimentations menées par les artistes réunis dans cette exposition investissent à différentes échelles les « poétiques de l’échec » : ratages techniques, foirades répétées, sabotages individuel et mutuel, amateurisme feint, acte de désœuvrement politique, détournement d’œuvres inachevées ou abandonnées par leurs auteurs, parasitage des dispositifs d’évaluation et de légitimation de valeur artistique …
Ces gestes indisciplinés dessinent ainsi de multiples stratégies contre-productives qui mettent en déroute les discours, normes et représentations sociales autour de la virtuosité et de la reconnaissance institutionnelle des artistes. Témoins d’échecs autant éprouvés et dis-simulés qu’assumés et sublimés, ces œuvres interrogent les injonctions à la réussite, à l’efficacité et à l’attractivité constantes entretenues par un monde de l’art ultra concurrentiel dans lequel plus aucune impasse créative ne semble possible.
Sur une idée de Vincent Enjalbert, commissaire associé à la filière, avec l’aide de Glenn Espinoza, Yanma Fofana, Charline Gdalia, Jean-Baptiste Georjon, Clarisse Marguerite et Caroline Rambaud, étudiants de la filière « Artistes & Métiers de l'exposition ».
Artistes présentés : Geneviève-Charlotte d’Andréis, Atelier Populaire, Antony Béraud, Valentin Bonnet, Jean-Louis Brian, Gwendal Coulon, Honoré Daumier, Gabriel Day, Clément Erhardy, Andreas Février, Jef Geys, Lisa Lavigne, Corentin Leber, Adrien van Melle, Pierre Merigot, Juliette Peres, Loïs Szymczak, Sophie Torrell et anonymes.
Scénographie imaginée avec Noémie Benlolo, Sara Negra et Thelma Vedrine, étudiantes de l’ENSA Paris-Malaquais.
LE MÉTIER DE VIVRE
Le métier se présente comme l’action de se préciser dans une forme, de se déterminer dans une vie. Traversé par des contraintes temporelles et économiques, ce dernier peut se définir par la pratique d’un savoir autant que par l’expression d’un besoin. Qu’en est-il des artistes, de ceux qui ont fait profession de créer et déploient leur création en instrument à vivre ? Quel emploi pour ces artistes, à la fois artisans et habitants d’un monde qu’ils modèlent autant par le faire que par le vivre ?
Réunissant différentes générations de producteurs qui dialoguent par-delà les âges, l’exposition explore par la technique, les gestes et la pratique la proximité qui se noue entre l’art et la sphère parallèle des disciplines appliquées. Loin d'un art autarcique, le « métier de vivre » interroge ainsi la possible ouverture de l’activité artistique à des modalités de production décloisonnées et collectives, capables de renouveler les échanges entre l'œuvre et l'objet, entre l'art et la vie.
Pour sonder la nature des créations et des créateurs et questionner la relation ambiguë qu’ils peuvent entretenir avec l’ouvrage et l’usage, l’exposition, dans la tradition des « maisons polyvalentes » médiévales, s’organise en un espace qui glisse de l’atelier au logement.
Ce lieu à deux entrées invite enseignants, étudiants, enlumineurs, artistes, brodeurs, designers et menuisiers à participer à l’écriture d’une histoire dans laquelle les professions, les choses et les êtres peuvent se confondre au-delà des fins pour investir un nouveau devenir des formes.
Sur une idée de Raphaël Giannesini, commissaire associé à la filière, avec l’aide de Yanma Fofana, étudiante de la filière « Artistes & Métiers de l'exposition ». Avec l’accompagnement des conservatrices des collections.
Artistes présentés : Pascal Aumaitre, Ludovic Beillard, Marion Chaillou, Xolo Cuintle, Ann Daroch, Jonh Henry Dearle, Francisco G Pinzón Samper, Ninon Hivert, Maître de Jacques de Besançon, Maëlle Lucas-Le Garrec, Matteo Magnant, William Morris, Kiek Nieuwint, Eliott Paquet, Charlotte Simonnet, Raphael Sitbon, William Arthur Smith Benson, Luca Resta, Constantin Von Rosenschild, Philip Webb.
Scénographie imaginée avec Roxanne Bernard et Nour El Blidi, étudiantes de l’ENSA Paris-Malaquais, et la complicité de la base bois des Beaux-Arts de Paris.
MAIS POUR ME PARCOURIR ENLÈVE TES SOULIERS
Mais pour me parcourir enlève tes souliers1 engage une réflexion critique sur la conception spatialiste qui considère les formes architecturales comme déterminantes de l’organisation des pratiques sociales. Investis d’une fonction opérationnelle et normative capable d’assurer la régulation quasi-naturelle des comportements humains, les dispositifs architecturaux constitueraient « des formes d’organisation de l’espace, porteuses intrinsèquement de bonnes pratiques sociales »².
Cette conception spatiale trouve son expression paroxystique dans des institutions comme l’école, l’hôpital ou la prison, où il s’agit d’éviter tout mouvement de foule ou de confusion, tout en « élevant » les âmes et les esprits. Ainsi, dans l’univers carcéral, une logique séparative et cellulaire s’impose, supposément investie de qualités propres, aptes à punir, neutraliser, dissuader, guérir les individus pour mieux les réinsérer dans la société ensuite. Leur peine est comme spatialisée, les dispositifs architecturaux sans cesse réévalués pour contraindre leurs corps et limiter leurs possibles échanges.
Cette logique de distribution spatiale autoritaire, qui vise à attribuer à chaque fonction et à chaque individu sa juste place, dépasse parfois les murs de la prison : on la retrouve aussi dans la multiplication d’espaces d’activités bien délimités, comme dans le zonage qui caractérise nos paysages urbains. Tous impliquent un surinvestissement des agencements spatiaux qui contraignent nos interactions sociales, et conduisent à une certaine dépersonnalisation.
L'exposition réunit des œuvres qui sont comme autant de techniques de détournements pour sortir de ces conceptions spatiales parfois autoritaires. Face à des espaces figés, il s’agit d’explorer des espaces mouvants, adaptables, ou même vivants. Au sein de cette exposition, les artistes conçoivent l’écriture de l’espace comme une partition, sans cesse à réinterpréter.
1. Titre emprunté à Jean Genet dans son poème La Parade, 1948
2.Levy J., Lussault M. (2003), Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris
Sur une idée de Violette Morisseau, commissaire associée à la filière, avec l’aide de Zoé Bernardi et Amandine Massé, étudiantes de la filière « Artistes & Métiers de l'exposition ».
Artistes présentés : Pauline-Rose Dumas, Jules Goliath, Liên Hoàng-Xuân, Bahar Kocabey, Raphaël Maman, Amandine Massé, Eadweard Muybridge, Nefeli Papadimouli, Giambattista Piranesi, Julie Ramage, Fabrice Vannier, Chloé Vanderstraeten.
Scénographie imaginée avec Marine Henninot et Mathilde Josse, étudiantes de l’ENSA Paris-Malaquais.
LE PARTAGE D’UNE PASSION POUR LE DESSIN
Le Partage d'une passion pour le dessin dévoile un ensemble exceptionnel de 90 dessins, entrés dans les collections de l'École grâce à la générosité de l'association « Le Cabinet des amateurs de dessins des Beaux-Arts de Paris ». L'exposition est organisée à l'occasion des quinze ans de l'association, qui a permis d'acquérir plus de 200 chefs-d'œuvre depuis 2006. Le parcours est organisé par école, italienne, nordique et française à travers les siècles. Seront présentés des dessins signés Eugène Delacroix, Jean-Honoré Fragonard, Jean-Baptiste Greuze, Gerrit Van Honthorst, Giuseppe Penone ou encore Simone Peterzano. L'exposition se termine sur une sélection consacrée aux lauréats du Prix du dessin contemporain, avec entre autres Marcella Barceló, Tiziano Foucault-Gini ou Manon Gignoux.
Commissariat assuré par Emmanuelle Brugerolles avec Raphaëlle Reynaud, médiation par Margot Bernard, Caroline Rambaud, Hugo da Silva, Amandine Massé et Clarisse Marguerite, étudiants de la filière.
Depuis 2005, date de sa création, l’association « Le Cabinet des amateurs de dessins des Beaux-Arts de Paris » participe activement à l’enrichissement des collections graphiques des Beaux-Arts de Paris.
En plus de quinze ans, elle a su compléter le fonds par l’acquisition d’œuvres majeures, de la main d’artistes absents jusqu’alors de l'institution.
Face à un marché existant et des moyens modestes, l'association, constituée de collectionneurs mais aussi de marchands, a su choisir des dessins de grande qualité, teintés d’une certaine originalité, incitant les étudiants à venir les découvrir à l’occasion d’expositions organisées dans le Cabinet des dessins. Elle n’a pas hésité à contribuer parfois à une acquisition du Fonds du Patrimoine du Ministère de la Culture, comme pour le dessin de Gerrit Van Honthorst présenté dans ce communiqué.
Ses goûts éclectiques touchent toutes les écoles mais aussi tous les siècles, sans oublier le dessin contemporain. L’association a créé en 2013 un Prix du dessin contemporain récompensant un jeune artiste des Beaux-Arts de Paris dont une œuvre est offerte et vient enrichir à cette occasion le fonds de l’École.
Sensible à la transmission et à la connaissance des arts plastiques auprès du jeune public, elle a mis en place depuis plus d’une douzaine d’années un projet pédagogique auprès des scolaires des académies de Créteil et de Versailles, permettant à leurs élèves de découvrir les beautés d’une feuille italienne, française ou nordique, avec ses techniques et ses particularités.
L’association le Cabinet des amateurs de dessins, présidé par Daniel Thierry depuis 2015, a souhaité dévoiler cette année une partie de ces acquisitions lors d’une exposition qui se tiendra du 22 mars au 24 avril au Palais des Beaux-arts.