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Jean Lepautre

Plafond orné de figures mythologiques et autres 17e siècle

Derrière la rationalité de son organisation symétrique, le décor de ce plafond associe de façon fantaisiste de purs éléments décoratifs (cartouches, guirlandes) à des figures divines ou humaines dont les anatomies sont aberrantes. Sous la plume du décorateur Jean Lepautre, ces monstres rappellent au-delà de leur valeur décorative que le classicisme du XVIIe siècle détenait également un imaginaire fantastique.

Behind the rationality of its symmetrical organization, the decoration of this ceiling, fantastically combines purely decorative elements (cartouches, garlands) alongside divine and human figures with aberrant anatomies. This drawing by decorator Jean Lepautre reminds us that, beyond its decorative value, 17th-century classicism also had a fantastic imagination.

Jean Lepautre (Paris, 1618-Paris, 1682)
Plafond orné de figures mythologiques et autres 17e siècle
Eau-forte, 16,4 x 35,4 cm
Est 1644, don de la veuve Joseph Michel Lesoufaché

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Plafond représentant le couronnement d'une Sainte

Dans le décor de cette coupole où les corps sont exagérément déformés suivant le principe de la perspective plafonnante, la saturation de la composition rend la scène presque illisible. L’ensemble parvient cependant à donner une impression générale de mouvement conforme à l’esthétique maniériste.

In this decoration for a dome, where the bodies are exaggeratedly deformed following the principle ceiling perspective, the composition’s saturation makes the scene almost illegible. However, the ensemble succeeds in giving an overall impression of movement, in accordance with the Mannerist aesthetic.

Orazio Samacchini (Bologne, 1532-Bologne, 1577)
Plafond représentant le couronnement d'une Sainte
Encre sur papier, 23,2 x 23,2 cm
Mas.2506, don de Jean Masson

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Cartouche grotesque représentant un homme maniant fléau et une femme tenant une faucille

La grande simplification formelle de ce décor qui symbolise l’alliance de la femme et de l’homme autour du travail nourricier (le fléau et la faucille) conduit paradoxalement à faire oublier la réalité anatomique. L’étroite symbiose des figures féminines et masculines crée en effet une forme inédite où les corps deviennent difficilement reconnaissables.

This decoration’s extreme formal simplification, symbolizing the alliance of woman and man around the work of nourishing (the flail and the sickle) paradoxically makes us forget anatomical reality. The intimate symbiosis of the female and male figures creates a new form where the bodies become difficult to recognize.

Cartouche grotesque représentant un homme maniant fléau et une femme tenant une faucille
XVIe siècle
Gravure sur bois, 22 x 19,5 cm
Est Mas 344, don Jean Masson

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Plafond de l'hôtel Jacques Cœur

Avant la Renaissance, l’absence de perspective témoignait d’une conception uniforme du monde, considéré alors comme issu d’une main divine omniprésente. Les corps des anges ornant la chapelle du somptueux palais Jacques Cœur de Bourges, dénués de relief, flottent dans l’espace décoratif du plafond où ils deviennent des motifs quasiment abstraits dont les formes manipulées s’imbriquent et remplissent harmonieusement l’architecture.

Before the Renaissance, the lack of perspective reflected a uniform conception of the world, at the time considered as the work of an omnipresent divine hand. The bodies of the angels embellishing the chapel of the opulent Palais Jacques Cœur in Bourges, free of relief, float in the ceiling’s decorative space, almost becoming abstract motifs whose manipulated forms intertwine and harmoniously fill the architecture.

Plafond de l'hôtel Jacques Cœur (vers 1450, Bourges)
Papier albuminé, 28,9 x 22 cm
Ph 10087, achat

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Patrick Tosani

Les corps du dessous

A partir du XXe siècle, la légèreté des appareils photographiques facilite l’adoption du point de vue plafonnant qui accentue ici les déformations anatomiques et contribue à faire du corps un objet abstrait. Dans sa série « Les corps du dessous », Patrick Tosani qui fut chef d’atelier aux Beaux-Arts de Paris de 2004 à 2019, place de façon systématique son appareil sous le sujet pour mieux révéler combien ce cadrage extrême transforme le réel et questionne les apparences du corps.

In the 20th century, the lightness of cameras made the adoption of the ceiling viewpoint easier, here accentuating anatomical deformations, helping turn the body into an abstract object. In his series “Les corps du dessous” (Bodies from below), Patrick Tosani, who was studio head at the Beaux-Arts de Paris from 2004 to 2019, systematically places his camera below the subject to better reveal how this extreme framing transforms reality and question the appearance of the body.

Patrick Tosani (né à Boissy-l'Aillerie, 1954)
Les corps du dessous
1996
Photographie couleur
c-print, 35 × 27,5 cm
PH 24760, don de Patrick Tosani

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Flameng peignant le plafond de l'escalier d'honneur de l'Opéra-Comique "La Comédie fustigeant les vices"

La composition de cette photographie repose sur un effet de contreplongée résultant de la position du personnage principal, perché sur une échelle destinée à lui faciliter la réalisation d’un décor illusionniste de plafond. Cette construction permet une étonnante triple mise en abyme de la contre-plongée, celle qui est peinte, celle du peintre face au modèle féminin et celle du photographe face au peintre.

This photograph’s composition is founded on a low-angle effect, resulting from the position of the main figure, perched on a ladder intended to facilitate the creation of an illusionistic ceiling decoration. This construction creates an astonishing triple mise en abyme of the low angle, that which is painted, that of the painter facing the female model, and that of the photographer facing the painter.

Flameng peignant le plafond de l'escalier d'honneur de l'Opéra-Comique "La Comédie fustigeant les vices"
c. 1895-1898
Photographie positive, 20 x 17 cm
Ph 14389, don de Melle Flameng

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Louis Jean-Baptiste Igoult

Vue d'un modèle féminin en buste

Du fait de la lourdeur des appareils, le regard photographique n’a pu s’approprier que tardivement la contreplongée. Spécialisé dans la photographie de nus académiques à l’usage des peintres ou sculpteurs, Jean-Baptiste Igout impose pour cette raison à son modèle de tendre exagérément la tête en arrière, pose surprenante destinée à simuler artificiellement les déformations provenant d’un point de vue plafonnant.

Due to the weight of cameras, the photographic lens could only work from low angles quite late. Because he specialized in photographing academic nudes for painters and sculptors, Jean-Baptiste Igout forced his model to tilt her head back in an exaggerated way, a surprising pose intended to artificially simulate the deformation caused by the illusionistic ceiling point of view.

Louis Jean-Baptiste Igoult (1837-1882)
Vue d'un modèle féminin en buste
Épreuve sur papier albuminé
c. 1890
PH 14428

FAQ

Soumis par florence_cazillac le
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Madeleine Georges Charlotte Lavanture

Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front

Le point de vue en contrebas, qui monumentalise l’effort des figures d’ouvriers situées au premier plan de la composition, permit à Madeleine Lavanture de remporter le prix de Rome de 1938, dont le sujet était consacré à la représentation de la valeur morale et sociale du travail. En se plaçant symboliquement sous les personnages masculins qu’elle représente, Madeleine Lavanture qui fut la seconde peintre à remporter le prix de Rome rend aussi concrète la difficultueuse position des femmes au sein de l’école des beaux-arts où elles ne furent admises qu’en 1897.

The low angle, which monumentalizes the effort of the figures of the workers in the foreground of this composition, won Madeleine Lavanture Prix de Rome of 1938, whose subject was the representation of the moral and social value of work. By placing herself under the male figures she depicts, Madeleine Lavanture—who was the second woman to win the Prix de Rome—also makes concrete the difficult position of women within the school, where they were admitted only in 1897.

Madeleine Georges Charlotte Lavanture (Paris, 1913-1940)
Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front
Œuvre lauréate du Prix de Rome, 1938
Huile sur toile c. 115 x 147 cm
PRP 188, dépôt réglementaire

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Gustave Clarence Rodolphe Boulanger

Ulysse reconnu par Euryclée

En 1849, le peintre Gustave Boulanger fut le premier lauréat du prix de Rome à rompre avec la représentation frontale de la narration, héritée de Poussin, pour adopter un point de vue en contre-plongée qui déforme les personnages et accentue leurs expressions. Cet élève de Paul Delaroche qui fut par ailleurs un grand décorateur (à l’Opéra Garnier et à la mairie du XIIIe arrondissement) se distingue également ici par la précision de ses références à la vie quotidienne gréco-romaine, caractéristique de l’école néo-grecque dont il fut avec le peintre Jean Léon Gérôme un des plus célèbres représentants. La contre-plongée accentue non seulement la musculature du héros de l’Odyssée mais rend aussi palpable l’éloignement de son épouse Pénélope qui, à l’inverse de la nourrice Euryclée, ne reconnut pas immédiatement Ulysse lorsqu’il revint à Ithaque.

In 1849, Gustave Boulanger became the first winner of the Prix de Rome to break with the narrative’s frontal representation, a legacy of Poussin, to adopt a low-angle viewport that distorts the figures and accentuates their expressions. Here this student of Paul Delaroche, who was a great decorator (Opéra Garnier and the 13th arrondissement’s town hall), also excels in his precise references to Greco-Roman daily life, characteristic of the Neo-Grec school of which he was one of the most famous representatives, along with Jean Léon Gérôme. The backdrop accentuates not only the muscularity of the Odyssey’s hero, but also makes a palpable the distance from his wife Penelope who, unlike the nurse Eurycleia, did not immediately recognize Odysseus on his return to Ithaca.

Gustave Clarence Rodolphe Boulanger (Paris, 1824-Paris, 1888)
Ulysse reconnu par Euryclée
Œuvre lauréate du prix de Rome, 1849
Huile sur toile, 147 x 114 cm
PRP 94, dépôt réglementaire

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